1453. La guerre de Cent ans touche à sa fin et la paix revient dans le royaume de France. Elle se traduit dans le domaine de l’architecture civile par une extraordinaire vitalité : les derniers châteaux forts font bientôt place à des résidences seigneuriales plus aimables. Par la suite, à la faveur des guerres d’Italie, ces châteaux aux formes gothiques intègrent peu à peu un décor antiquisant, signe d’une première Renaissance.
Au XV ème siècle, l’artillerie, de plus en plus performante et le renforcement du pouvoir central remettent en cause l’utilité des châteaux forts. Nombre d’entre eux sont remaniés afin de les transformer en château résidentiel. C’est le cas à Nantes où le duc de Bretagne, François II, engage d’importants travaux à partir de 1466. Les postes défensifs sont parfois laissés à l’abandon ou transformés en éléments décoratifs tels les fossés qui deviennent des jardins d’agrément ou les pont levis remplacés par des ponts fixes en pierre. La tendance est à la démilitarisation des châteaux qui sont peu à peu délaissés au profit de résidences d’agrément qui se généralise avec la Renaissance.
Le mouvement naît en Italie avec l’évolution révolutionnaire des plans des demeures seigneuriales urbaines. Jusque-là organisées en maisons fortes, celles-ci se transforment en palais comprenant une cour carrée intérieure bordée d’arcades. Des spécimens sont notamment édifiés à Florence (palais Médicis entre 1446 et 1459). L’Antiquité romaine influence des architectes italiens comme Palladio. L’architecture moderne du “Quatrocento“ est découverte par les rois Charles VIII, Louis XII et François I er lors des guerres d’Italie.
En ce début de XVI ème siècle, les guerres d’Italie ne provoquent pas une conversion immédiate à l’Art de la Renaissance. Seules quelques personnalités au service du roi comment à s’intéresser à l’art italien (nobles, ecclésiastiques, financiers). Le pouvoir royal de cette époque, Louis XII, y reste assez indifférent. On ne cherche pas à reproduire les bâtiments italiens. Les formes architecturales importées sont insérées et soumise au système de construction gothique préexistant, créant ainsi la synthèse.
Signe des temps, les façades des bâtiments sont monumentales : il y a une volonté d’éblouir et de marquer la puissance nobiliaire retrouvée à cette époque par des emprunts au vocabulaire architectural des édifices religieux. La pérennité d’un appareil militaire, jugé nécessaire pour bien des raisons, dicte l’opposition entre le monde ouvert et aimable de la cour et l’aspect fermé des murs extérieurs.
Au château d’Ainay le Vieil les évolutions architecturales se manifestent par des transformations caractéristiques. Les courtines (remparts) perdent leur vocation militaire et un logis avec des appartements y sont aménagés.
Des innovations esthétiques soulignent encore plus les bouleversements à venir : fines tourelles surmontées de toits en poivrière, escalier à vis monumental à rampes droites remplace l’escalier étroit. L’escalier se place au centre de l’édifice et dessert des appartements aux étages supérieurs dont les pièces comment à s’agrandir. Il faut aussi souligner la présence de “loggia“ sur les façades du Logis introduisant des notions nouvelles de confort, modernité et hygiène.
En contraste avec son architecture féodale, la façade du Logis “ Neuf “ du château d’Ainay-le-Vieil est en quête d’harmonie, d’équilibre, de justes proportions. A titre d’exemple les façades du château s’organise de façon plus régulière avec la superposition des ouvertures en travées. Cette architecture nouvelle se caractérise aussi par une distribution en “trois“ des éléments ornementaux des façades : fenêtres à meneaux, loggias et lucarne. Caractéristiques qui perdurera jusqu’à la fin de la Renaissance.
Au sommet de la tour “d’honneur“ on remarque la présence d’un “Tempietto“ (petit temple) qui s’inspire du petit Temple de l’architecte Bramante dans la cour de l’église San Pietro in Montorio à Rome.
En ce début de XVIème siècle le château d’Ainay le Vieil sert en quelque sort de laboratoire d’idées nouvelles en matières d’ornementations, d’embellissements et de décors. L’homme de cour succède à l’homme de guerre, soucieux désormais de considérations esthétique au détriments des considérations défensives.
Jean – Pierre Babelon , « Les châteaux en France au siècle de la Renaissance » , 1989 , Flammarion.
Jean Guillaume , « L’invention de la Renaissance », 2003, Picard.
Jean-Marie Pérouse de Montclos : « Histoire de l’architecture française » , 1989 , Mengès.
Olivier Mignon : « Architecture des châteaux de la Renaissance » , Editions Ouest France.