Les Chartreuses du château

Les chartreuses sont une structure architecturale rare en France. Ce sont des salles à ciel ouvert situées sur une terrasse surplombant les canaux, reliées entre elles par une succession d’arcades.
Les murs, d’une hauteur de 4 mètres environ, étaient conçus pour créer une succession de microclimats permettant d’étaler dans le temps les productions de fruits tout en leur donnant les meilleures conditions de mûrissement.

Ce type d’architecture s’apparente à celles du Potager du Roi à Versailles ou des Murs à pêches de Montreuil, créées par le grand jardinier La Quintinie au XVIIème.
S’étendant sur 4000 m2 et blottis dans les hauts murs des chartreuses, cinq jardins évoquent l’évolution de l’art des jardins en France. Passant d’un jardin à un autre, l’on passe d’une époque à une autre.

Jardin Bouquetier

Le long du canal, à l’ombre d’un cyprès-chauve et d’un chêne d’Amérique s’étend une longue plate-bande rectangulaire composée de plantes vivaces : ce sont des herbacées qui fleurissent durant plusieurs années. Chaque années leurs tiges et leurs fleurs meurent pour renaître à la belle saison. Ces plantes sont de hauteurs différentes, de floraisons échelonnées, de sorte qu’il y a toujours une variété en plein épanouissement.

Vergé Sculpté

Planté selon un dessin classique, l’on y entre par une allée surmontée d’arcades de poiriers et ponctuée de fruitiers en colonnes. Il présente les techniques mises au point au 17eme siècle par Jean-Baptiste de La Quintinie au Potager du Roi à Versailles. Il s’agit de formes fruitières multiples : candélabre, éventail, cordons doubles, palmettes en U ou double U. Libres ou palissées, leur structure parfaitement équilibrée et la végétation réduite laissent passer la lumière, permettant à la sève de nourrir tous les fruits qui seront plus gros et plus colorés.

Jardin de Méditation

Un enclos d’osier vivant tressé entoure une maison en if et son jardin fait de parterres de buis et de germandrée. Sur le mur, une fresque, inspirée de celle de Giotto, représente Saint François d’Assise parlant aux oiseaux. Elle rend hommage à quatre personnes qui ont joué chacune leur rôle dans l’histoire récente d’Ainay : «Georges-Henri l’ami des oiseaux, Géraud le poète, Jeanne l’âme des lieux et Jean-Pierre l’amoureux de la nature ». Sortant de l’enclos on pénètre dans un quinconce de mûriers entourant un bassin dont l’eau, symbole de vie, sourd d’une fontaine.
L’atmosphère de ce jardin, sa fresque baignée de lumière, l’eau venue de l’ombre profonde des mûriers, sont une invitation à la méditation.

Cloîtres des Simples

Cette chartreuse est entourée d’un promenoir dans l’esprit de la Renaissance, fait de tilleuls conduits en une série d’arcades reliées entre elles par une voûte de végétation.

Entre le promenoir de ce cloître et les murs extérieurs, une collection de simples est disposée en carreaux. On y trouve un choix de plantes médicinales, condimentaires, tinctoriales et mellifères.
Le curry à l’odeur entêtante, le pastel, plante tinctoriale… évoquent les innombrables plantes importées en France à la Renaissance. Entourant le puits, des pommiers taillés en roues, en plateaux superposés ou en arbres de Mai évoquent la mode de cette époque où l’on aimait donner des formes belles mais inhabituelles aux arbustes.

Parterres de Broderies

Cette chartreuse évoque la grande époque des jardins à la française qui atteignit son apogée au XVIIème siècle sous l’impulsion de Le Nôtre. Une de leurs caractéristique, les « parterres de broderie », sont comme un tapis étalé face au château en prolongement de l’élégance et de la richesse. Autre caractéristique importante : le treillage, somptueux décor d’abord réalisé par Le Nôtre pour le Roi à Versailles, dont la mode s’étendit ensuite à tous les jardins des Seigneurs à cette époque. Ici le parterre de broderies décrit des volutes et reproduit des fleurs de lys. Dans les bordures de buis, des roses blanches fleurissent abondamment. Le bassin central est fait d’ifs. Le treillage se dresse de façon théâtrale devant la perspective des canaux.